El buen salvaje y otros mitos: lo que los pueblos indígenas pueden enseñarnos en materia de biodiversidad

URGENT : Envoyez un mail au gouvernement indien pour lui demander de mettre un terme aux « safaris humains »

Un Jarawa et son enfant au bord de la route. (îles Andaman) © Salomé

On pense que les ancêtres des Jarawa et des autres peuples autochtones des Îles Andaman ont fait partie des premières migrations humaines parties d’Afrique. Plusieurs centaines de milliers de colons indiens vivent à présent sur ces îles, dépassant largement en nombre les tribus autochtones.

Comment vivent-ils ?

Aujourd’hui, environ 400 Jarawa vivent en groupes de 40 à 50 personnes dans des chaddhas, leurs maisons.

Comme la plupart des peuples autochtones qui vivent encore en autosuffisance alimentaire, les Jarawa prospèrent et leur population ne cesse de croître.

Les Jarawa chassent le cochon sauvage et la tortue et pêchent dans les récifs coralliens, avec des arcs et des flèches, des crabes et des poissons, tels que des pangas ou des anguilles et des poissons Leiognathidae. Ils collectent des fruits, des racines, des tubercules et du miel. Leurs arcs sont fabriqués à partir du bois chooi, que l’on ne trouve pas sur leur territoire. Ils doivent parcourir de longues distances jusqu’à l’île Baratang pour en trouver.

Aussi bien les hommes que les femmes jarawa collectent le miel sauvage dans les grands arbres. Lors de la collecte, les membres du groupe entonnent des chants pour exprimer leur joie. Ils mastiquent la sève d’une plante répulsive – ooyekwalin – qu’ils pulvérisent sur les abeilles pour les éloigner. Une fois débarrassés des abeilles, les Jarawa peuvent prélever leur nid qu’ils mettent dans un panier pour l’emporter sur leur dos. Les Jarawa prennent toujours un bain après avoir consommé du miel.

Une étude réalisée sur leur santé a révélé que leur « statut nutritionnel » était « optimal ». Ils ont une connaissance approfondie de plus de 150 plantes et de 350 espèces d’animaux.

Les Jarawa des Îles Andaman jouissent des richesses de la nature. Leurs forêts leur apportent bien plus que ce dont ils ont besoin.
Anvita Abbi, professeur de linguistique, Université de Jawaharlal Nehru

En 1998, des Jarawa ont, pour la première fois, commencé à sortir de la forêt pour visiter les villes et les villages voisins.

En 1990, les autorités locales ont annoncé un « projet » à long terme visant à installer les Jarawa dans deux villages dont l’économie serait basée sur la pêche et où les Jarawa pourraient pratiquer leurs « sports », à savoir la chasse et la collecte. Ce projet était si normatif qu’il précisait même le type de vêtements que les Jarawa devraient porter. La sédentarisation forcée a été fatale pour d’autres tribus des Îles Andaman, de la même manière que cela l’a été pour les peuples autochtones récemment contactés dans le monde entier.

Suite à une campagne de grande envergure menée par Survival et d’autres organisations indiennes, le projet de réinstallation a été abandonné, et en 2004, les autorités ont annoncé une nouvelle politique radicale : les Jarawa seraient autorisés à déterminer leur propre avenir, et l’intervention du monde extérieur dans leur vie serait maintenue au minimum. Ce fut un énorme succès pour cette campagne indienne et internationale.

A quels problèmes sont-ils confrontés ?

Parmi les quatre peuples autochtones qui vient dans les îles Andaman, la situation des Jarawa est la plus préoccupante.

Ils sont confrontés à de nombreuses menaces :
La grande route qui traverse leur réserve et amène des milliers d’étrangers, dont des touristes, au cœur même de leur territoire. Les touristes traitent les Jarawa comme des animaux dans un parc à safari.

Les colons et les braconniers pénètrent dans la réserve et chassent le gibier dont les Jarawa dépendent.

Cette invasion expose les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils ne sont pas immunisés. Une épidémie pourrait les décimer.
Les abus sexuels perpétrés à l’encontre des femmes jarawa par les colons, les chauffeurs de cars et les braconniers.
Les pressions les forçant à s’intégrer à la société dominante indienne.
Le sort des Grands Andamanais et des Onge est l’illustration de ce qui pourrait arriver aux Jarawa si leur droit à contrôler les allées et venues sur leur territoire et de choisir leur propre mode de vie ne sont pas reconnus.

Les Jarawa dénoncent les braconniers qui envahissent leur territoire. Ce groupe a été filmé alors qu’il sortait volontairement de la réserve pour se plaindre des braconniers auprès des autorités locales.

La campagne de Survival

Depuis 1993, Survival exhorte le gouvernement indien à fermer la route, à protéger le territoire des Jarawa et à les laisser prendre eux-mêmes les décisions concernant leur avenir.

En 1990, les autorités locales ont annoncé qu’elles avaient l’intention de procéder rapidement à la sédentarisation des Jarawa. Cette pratique forcée avait déjà été fatale pour d’autres tribus des îles Andaman et il en a toujours été ainsi pour tous les groupes nouvellement contactés du monde. Suite à une campagne d’envergure de Survival et d’autres organisations locales, le projet a finalement été abandonné.

En 2004, les autorités ont annoncé un changement radical de politique, établissant que les Jarawa seraient dorénavant acteurs de leur propre avenir et que les interventions extérieures seraient réduites au minimum.

En 2002, la Cour suprême indienne ordonna la fermeture de la route qui traversait le territoire des Jarawa. Malgré cette décision, la route reste ouverte et le braconnage et l’exploitation représentent des menaces croissantes.

En 2013, suite à une campagne de Survival et de l’organisation locale Search pour interdire les « safaris humains », la Cour suprême a interdit aux touristes d’emprunter la route Andaman Trunk Road (ATR) pendant sept semaines. Après que les autorités andamanaises aient changé leurs règlementations afin d’autoriser la poursuite des safaris humains, la Cour suprême n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière.

En octobre 2017, les autorités des îles Andaman ont inauguré la tant attendue route côtière menant à Baratang. Cette route côtière était censée mettre fin aux safaris humains. Malgré l’engagement pris par les autorités pour s’assurer que tous les touristes n’aient d’autre choix que d’emprunter la route côtière, seuls très peu d’entre eux le font – et le marché du safari humain le long de la route prospère.

Les Sentinelles

Indígena sentinelés. © Indian Coastguard/Survival

Les Sentinelles vivent sur leur propre petite île, North Sentinel, et continuent de résister à tout contact avec le monde extérieur, attaquant tous ceux qui s’approchent d’eux. Ils firent la une des médias au lendemain du tsunami de 2004 lorsqu’un des membres de la tribu fut photographié en train de tirer des flèches sur un hélicoptère.

Qui sont-ils ?

Comme les Jarawa, les Sentinelles chassent et cueillent dans la forêt et pêchent le long des côtes. Ils vivent dans de longues maisons communautaires à plusieurs foyers et se servent de pirogues à balancier pour voyager autour de leur île.

A quels problèmes sont-ils confrontés ?

Le gouvernement indien a fait plusieurs tentatives infructueuses pour établir un contact « amical » avec les Sentinelles. Tout contact avec ce groupe pourrait certainement avoir des conséquences tragiques étant donné que leur isolement les rend vulnérables face à des maladies contre lesquelles ils n’ont aucune immunité. Le gouvernement a décidé que désormais il n’essaiera plus d’entrer en contact avec eux.

Les Sentinelles connaissent les dangers que les étrangers peuvent leur apporter. © Christian Caron – Creative Commons A-NC-SA

Les pêcheurs illégaux ayant épuisé la faune piscicole des eaux côtières autour de la réserve des Jarawa, ils tournent maintenant leur attention vers les eaux entourant North Sentinel. En 2006, des Sentinelles ont tué deux braconniers qui avaient approché leur île.

La campagne de Survival

Survival exhorte les autorités des îles Andaman à appliquer strictement sa politique de cessation de tout contact avec les Sentinelles et à mettre un terme au braconnage autour de leur île.

Les Onge

Les Onge de la Petite Andaman se désignent eux-même En-iregale, ce qui signifie « personne parfaite ». Ils ont été décimés suite aux contacts avec les Britanniques et les Indiens, leur population chutant de 670 en 1900 à environ 100 aujourd’hui.

Les Onge vivent dans une réserve qui représente un tiers de leur territoire d’origine. La Petite Andaman est également maintenant le lieu de vie de colons indiens et une grande partie de l’île a été déboisée.

Le gouvernement indien a voulu forcer les Onge à travailler sur une plantation en échange de nourriture et de logements, sous forme de travail asservi, mais il a échoué. Aujourd’hui, les Onge sont très dépendants des aides gouvernementales.

Pour les Onge, pouvoir chasser le cochon sauvage est fondamental, puisque selon leur coutume, les hommes ne peuvent se marier qu’après avoir tué un sanglier. Mais les Onge se plaignent des étrangers qui viennent chasser leurs cochons, ce qui contribue au déjà faible taux de natalité chez les Onge. Survival mène une campagne pour que leur territoire soit protégé des intrusions.

Les Grands Andamanais

Sur les quatre peuples autochtones des îles Andaman, ce sont les Grands Andamanais qui ont le plus souffert de la colonisation. Lorsque les Britanniques arrivèrent, ils étaient plus de 5 000 ; ils ne sont aujourd’hui plus que 56.

A l’origine, les Grands Andamanais formaient dix tribus distinctes, dont les Jeru, Bea, Boa, Khora et Pucikwar. Chaque tribu avait sa propre langue et était forte d’environ 200 à 700 membres. Ils sont aujourd’hui connus sous le nom collectif de Grands Andamanais.

Les Bo étaient la dernière des dix tribus à entrer en contact avec les Britanniques, avant le recensement de 1901. Les maladies transmises par les colons ont décimé les Bo : ils n’étaient plus que 48 suite au contact.

Des centaines de Grands Andamanais ont été tués au cours de conflits avec les colons britanniques alors qu’ils défendaient leur territoire contre l’invasion. Les Britanniques changèrent alors de stratégie et créèrent un home andaman où ils maintenaient les Andamanais en captivité. La plus grande partie de la tribu mourut de maladies et de maltraitances dans cette institution et aucun des 150 nourrissons nés dans cet endroit ne dépassa l’âge de deux ans.

En 1970, les Grands Andamanais survivants furent déplacés sur la petite île de Strait par les autorités indiennes, où ils sont maintenant entièrement dépendants de l’aide gouvernementale pour leur nourriture, leur logement et leurs vêtements. L’abus d’alcool, souvent fourni par les fonctionnaires, est aujourd’hui très répandu parmi les Grand Andamanais.

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